jeudi 3 juillet 2008

Langues régionales

Cela n'aura pas échappé aux âmes vigilantes qui, à mon instar, traquent quotidiennement les ressorts retors de l'actualité pour en extraire la substantifique moelle politique, mais aussi métaphysique (on n'est pas des boeufs, comme disait Epicure) et la passer au crible de leur impitoyable sens critique, mais l'assemblée nationale (bien que nous lui récusions ce caractère il nous faut bien l'appeler ainsi) débat en ce moment même de la possibilité d'inscrire les langues régionales dans la Constitution (la française, pas la bourguignonne qui n'existe pas encore). Aussitôt les français les plus bornés sont montés au créneau, comme en témoigne cet article confondant de bêtise :

http://www.lefigaro.fr/debats/2008/06/24/01005-20080624ARTFIG00474-langues-regionales-l-arriere-plan-d-une-cause-sympa.php

"Comment ! s'offusque ce plat cacographe dix-neuviémiste au style soporifique, vous n'y pensez pas, si on accorde le droit d'excercer leur langue aux régions Dieu sait ce qu'ils réclameront ensuite." Oui, imaginez un peu que les régions réclament la liberté qui leur est dûe, ce serait un coup terrible porté à la colonisation que nous avons eu tant de mal à mettre en place semble brâmer cet avaleur de clacos. Bel aveu de la domination qui s'exerce sur nous, qui montre bien que sous le masque clinquant de la démocratie se dissimule assez peu discrètement le dartreux visage de l'oppression.

Bien sûr la majorité des Français est favorable à cette constitutionnalisation, ce qui se comprend facilement quand on sait que la majorité des Français ne sont pas français, même si quelques fonctionnaires bornés de l'Etat civil s'évertuent à les désigner ainsi.

Mais ce débat nous permet néanmoins de parler un peu de l'idiome bourguignon, que vous pouvez apprendre très facilement en lisant ce livre.
J'en ai extrait le poème suivant, dont le caractère égrillard n'est certes pas pour me déplaire :


Jaiquemar et sai bonne famme,
Que j'estime ène autre Susanne,
Aivon fai voeu de chastetai ;
C'a purquoi ai n'on poin d'airai
Po fraipai dessu lo dindelle.
Messieu lé réjan de lai velle,
Vo m'antandé, ça qu'ai vorrein
Que vo los en faibriqueussein,
Por que ce tan daigne reloge
Ne feusse jaimoi demauroge,
Et que lu, lei et les enfan
Contentissein lés haibitan.

Voilà.

A titre personnel je ne parle pas un mot de bourguignon, aussi je dois avouer que ce poème 'est parfaitement abscons et que ce débat me laisse presque aussi froid que l'urine d'un français, mais la cause me paraît plus que juste.

Salut et bonnes vacances !

17 commentaires:

Anonyme a dit…

Thanks to the blog owner. What a blog! nice idea.

Charles le Téméraire a dit…

Isn't it ?

Anonyme a dit…

c'est quoi un clacos ?

Anonyme a dit…

et un scrofagneux ?

Charles le Téméraire a dit…

Clacos veut dire fromage, et scrofagneux veut dire atteint de scrofagne, je croyais que c'était une maladie, mais j'ai du me tromper car je ne retrouve pas le mot dans le dictionnaire, du coup je le remplace par dartreux.
Merci de vos remarques !

Anonyme a dit…

Pardonnez-moi, mais je découvre votre site et je m'interroge : votre temps ne serait-il pas plus utilement employé à défendre des causes autrement plus pressantes (paupérisation des couches inférieures de la société, racisme ambiant, désespérance sociale généralisée, sortie du nouveau Carla Bruni) ? J'entends bien qu'à vos yeux, il n'est de problème qui ne soit résolvable hors du prisme de ce que vous nommez "libération de la Bourgogne" - encore que les termes, dans ce cas comme dans d'autres, soient lourds de sens -, pourtant le décalage de votre cause avec ce qui préoccupe au quotidien les habitants de notre belle région, me semble immense. Pourquoi vouloir imposer une réforme qui n'est, pour ainsi dire, voulue par personne, vous êtes bien obligé de le reconnaître, en dehors d'un ou deux visiteurs occasionnels de ce blog ? Enfin, pourquoi terminer systématiquement vos articles par de grasses tarasconnades qui au mieux arracheront un sourire aux deux personnes susmentionnées, au pire, achèvera de décrédibiliser un mouvement dont la principale faiblesse est justement sa peine à s'assurer une quelconque légitimité.
En espérant poursuivre ce débat, avec vous,

Joël Gubon

Charles le Téméraire a dit…

Bonjour cher monsieur Gubon,
C'est toujours un plaisir de débattre avec les lecteurs de ce blog, les commentaires sont là pour ça.

Chose amusante, vous répondez vous-même aux questions que vous posez, mais oui, en effet, je vous confirme que pour nous, la question principale est la libération de la Bourgogne, non seulement pour l'économie, mais surtout, et je dirai même avant tout, pour en finir avec le marasme et la décrépitudes ambiants. Nous voulons renouer avec la fougue du Téméraire, et retrouver les conditions sociales et politiques qui ont permis l'mérgence de sa culture grandiose. Pour vous résumer sommairement mon point de vue sur le sujet, il part de l'observation que les périodes de grande efferverscence artistique (Athènes au V° siècle, Rome au 1er siècle, la Bourgogne et l'Italie de la Renaissance ou bien encore l'entre deux guerres) sont des périodes de grande tension. Avec l'indépendance nous retrouverons une forme de défi qui emportera toute la Bourgogne dans un grand élan collectif (car nous souffrons aussi d'un manque de projet collectif, et aujourd'hui la société française est trop divisée pour recréer ce type de projet).

Pardonnez-moi, mais je découvre votre site et je m'interroge : votre temps ne serait-il pas plus utilement employé à défendre des causes autrement plus pressantes (paupérisation des couches inférieures de la société, racisme ambiant, désespérance sociale généralisée, sortie du nouveau Carla Bruni) ? J'entends bien qu'à vos yeux, il n'est de problème qui ne soit résolvable hors du prisme de ce que vous nommez "libération de la Bourgogne" - encore que les termes, dans ce cas comme dans d'autres, soient lourds de sens -, pourtant le décalage de votre cause avec ce qui préoccupe au quotidien les habitants de notre belle région, me semble immense. Pourquoi vouloir imposer une réforme qui n'est, pour ainsi dire, voulue par personne, vous êtes bien obligé de le reconnaître, en dehors d'un ou deux visiteurs occasionnels de ce blog ? Enfin, pourquoi terminer systématiquement vos articles par de grasses tarasconnades qui au mieux arracheront un sourire aux deux personnes susmentionnées, au pire, achèvera de décrédibiliser un mouvement dont la principale faiblesse est justement sa peine à s'assurer une quelconque légitimité.

Pour le reste, nous ne voulons certainement pas imposer notre projet, ce sont les bourguignons qui nous portent et pas l'inverse. Je veux bien reconnaitre que ce site n'est pas immensément fréquenté mais il me permet de diffuser nos idées qui vont bientot embraser la région comme une trainée de poudre. Afin d'avoir un plus large écho, je suis en train d'écrire un livre sur la question, qui je l'espère, fera grand bruit.

Concernant ce que vous appellez des tarasconnades ne sont pour moi que des façons de galvaniser les lecteurs avec panache, j'ai toujours détesté la froide et stérile rhétorique des politiciens actuels (et puis il vaut mieux provoquer un sourire qu'un soupir).

Enfin quant à notre soi disante absence de légitimité je vous renvoie à tous les livres d'histoire, pas un, même les plus bornés, ne vous soutiendra la légitimité de l'invasion de la Bourgogne, et je ne pense pas que le droit des peuples à disposer d'eux mêmes soit une vaine légitimité.

Bien cordialement.

Anonyme a dit…

Excellente réponse de Vercingetorix !

Anonyme a dit…

Ce blog est tout bonnement excellent !

Anonyme a dit…

Ce site est tout bonnement génial.


Germain A.

Anonyme a dit…

au fait la citation "Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer" n'est pas de Charles le Témeraire mais de Guillaume le Taciturne.

Charles le Téméraire a dit…

Ah je proteste, le Taciturne l'a reprise au Téméraire, dont la primeur historique ne peut être contesté puisqu'il est né cent ans avant lui.
Je te renvoie à ce site :
http://vollore-montagne.org/blog/index.php?2008/03/08/389-le-08-03-08

Charles le Téméraire a dit…

Au reste cela prouve une fois de plus les liens profonds qui unissent la Bourgogne et les Pays Bas !

Anonyme a dit…

Puisqu'il est ici question de la langue bourguignonne, je recommande l'excellent site de la Cadole:
http://www.cadole.eu/
Et j'en profite pour remercier et féliciter Vercingétorix pour ce superbe blog où tout Bourguignon (surtout s'il est en exil à Paris comme moi) peut se ressourcer à la mamelle vineuse de sa chère patrie!!!
Hasta la Borgoña libre siempre!!!

Anonyme a dit…

Vous avez du confondre avec scrofuleux. La scrofule est effectivement une maladie, et une désagréable....

L'idée reste douce.

Vin-sans-Soif

P.S. Je vous trouve d'une patience de séminariste vis-a-vis de tous les pisse-froids Gubonesques et autres. Allier la vigueur de notre Brave Charles à la diplomatie du Martyr Jean.... Quelle gageure !

Charles le Téméraire a dit…

Scrofuleux, c'est exact.

Pourtant j'ai bien noté le mot scrofagneux quelque part dans l'un de mes carnets de vocabulaire mais je suis incapable de me rappeler d'où je l'ai extrait.

Anonyme a dit…

Voici quelque liens pour ceux qui voudrait apprendre ou découvrir la langue Bourguignonne.

http://dialectes-bourguignons.over-blog.com/
http://www.cadole.eu/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bourguignon-morvandiau
http://projetbabel.org/oil/morvan.html

^_^