mercredi 28 mai 2008

Bon anniversaire Jeannot !


28 mai !

Déjà le 28 mai !

Nous l'avons fébrilement attendu toute l'année et le voilà qui arrive !

Enfin !

L'anniversaire de Jean Sans Peur !

Comme le veut la tradition bourguignonne, c'est l'occasion de boire du rouge jusqu'à rendre raison, et croyez bien que je n'ai pas l'intention de manquer à cette charmante coutume !
C'est aussi l'occasion pour nous de reparler de ce duc qui a illustré, avec un panache qu'on peut qualifier sans flatterie d'ébouriffant, les riches heures du duché de Bourgogne. A notre sens Jean Sans Peur est le premier duc véritablement bourguignon. En effet son père, le sinistre Philippe le Hardi était né à Pontoise, ville ô combien française (quantum franciae), c'était le fils du roi de France (il eut d'ailleurs le mauvais gout de sauver ce roi lors d'une bataille, ce qui ne serait venu à l'esprit d'aucun bourguignon digne de ce nom) et il parait même qu'il ne digérait pas la moutarde! Philippe le Hardi était ce qu'on appellerait aujourd'hui, un parachuté. Bref, à l'époque la Bourgogne n'était encore qu'une contrée servilement inféodée à ce lieu de perdition que des géographes séniles appellent encore la France.

Et puis naquit Jean Sans Peur !

Et l'ordre des choses qui semblait immuable en fût bouleversé.

Il hérita de sa mère, la plantureuse et tigresque Marguerite de Flandre, les terres de l'actuelle Belgique et unifia les Etats Bourguignons en intégrant l'archévêché de Besançon au Comté de Bourgogne. Il annexa Tonnerre et la Picardie. Il ne lui manquait plus alors que la Lorraine et l'Alsace pour reconsituer l'ancienne et tant regrettée Lotharingie, ce pays de Cocagne qui aurait fait passer Sodome et Gomorrhe pour des salons de thé pour protestantes grabataires. Ses qualités de grand dirigeant politique ne sont plus à démontrer, mais si, je crois, nous ne devions retenir qu'un trait de son caractère, ce serait sans hésitation sa francophobie. Dire qu'il haïssait la France serait bien peu dire, la simple évocation de ce pays le plongeait dans des crises de folie furieuse où on le voyait hurler comme un dément et fracasser le mobilier qui l'entourait, ce qui n'était pas sans lui poser problème lorsqu'il vivait à Paris à la cour du roi, mais passons sur ces détails de peu d'intérêts.




Sa francophobie s'exprima assez bien dans le siège qu'il fit de la ville de Paris et dans la guerre qu'il provoqua contre les Armagnacs. Le pays était alors à feu et à sang, mais néanmoins, au dire des chroniqueurs : on s'en payait une bonne tranche. Car quoique fougueux, et malgré sa ressemblance physique avec Daniel Emilfork (et avec moi-même, de profil, bien que cette glorieuse similitude ne m'ait guère valu de succès auprès de la gente féminine, peu sensible de nos jours au prestige du duché de Bourgogne, mais quand celui-ci sera libre, j'espère bien qu'il en sera autrement) Jean Sans Peur était avant tout un émerilloné videur de tonneau et savait mêler les plaisirs de la guerre aux jouissances de la chère. A ce sujet, j'aimerais vous faire part d'une anecdote peu connue des historiens, mais dont mon grand père me certifia l'authenticité un matin, lors d'une petit déjeuner où nous buvions tous deux une bonne bouteilles de vin rouge. Selon mon auguste aïeul, "Peur", en ancien Bourguignon était un dérivié du mot PUOR venant de la langue burgonde, et qui signifiait "soif". Son surnom de "sans peur" aurait donc pour véritable origine la facilité avec laquelle notre duc bien aimé levait le coude. J'ignore si cela est vrai, car mon grand père était assez farceur (ce n'est pas sans raison qu'il exerçait la noble profession de fabricant de confetti), mais convenez que cette histoire n'est pas sans un charme si délicieusement bourguignon.

Hélas, une fin tragique devait récompenser ces années d'effort à guerroyer, et après avoir voulu règner sur la France après la mort du roi, ces chiens d'Armagnacs le firent assassiner l0 Septembre 1419. Cela fera bientôt 600 ans, et pourtant, j'ai envie de dire qu'il nous manque encore. Qu'importe, l'heure n'est pas au deuil, Jean n'aurait pas voulu que nous soyons tristes le jour de son anniversaire, alors célèbrons sa mémoire comme il se doit. Il nous laisse en tous cas deux valeurs qui nous sont restés comme ancrés dans la chair : l'amour du vin et la haine de la France.