samedi 18 septembre 2010

Lettre ouverte à François Rebsamen

J'ai longtemps nourri à l'égard de monsieur François Rebsamen les sentiments les plus amicaux. D'abord parce que j'ai appris, au cours de mes pérégrinations noctambulesques dans les bistrots bourguignons, que dans sa jeunesse, François Rebsamen était ce qu'il est convenu d'appeler un fieffé ivrogne ! Plusieurs siroteurs d'éthyle de sa génération m'ont narré ses exploits de goulu suceur de goulot. Jadis le petit Rebsa (comme on le surnommait alors) passait le plus clair de son temps à écumer les bars, à visiter les rades, à arpenter les caboulots, à rouler sous les tables et à écorcher les renards. Son lever de coude était à ce que l'on dit, véritablement athlétique et faisait pâlir d'envie les poivrots les plus imbibés.

Ensuite, je ne pus m'empêcher d'éprouver pour lui une certaine admiration, lorsque je sus que, pendant la campagne présidentielle française de 2007, il avait eu des relations pour le moins rapprochés avec Ségolène R., alors candidate du parti socialiste. Par souci de discrétion je ne donnerai pas davantage de détails sur la nature de leur liaison ni ne révélerait la véritable identité de cette personne, par respect pour leur vie privée, mais sachez que la relation dont il est ici question dut provoquer quelques démangeaisons crâniennes à un certain François H., député cornard de la Corrèze. Un léger coup de coude et un clin d'oeil insistant de ma part devraient orienter les plus bornés d'entre vous vers la solution de ces sous-entendus, qui ne sont pas sans présenter quelque caractère graveleux.

François R. en compagnie de Ségolène R., le regard illuminé par le stupre

Bref, François Rebsamen avait fait honneur à la vieille gaillardise bourguignonne, et je ne l'en estimais que davantage.

Mais l'estime que je lui portais jusque là était toute personnelle, elle n'avait rien de politique. Or ce sont précisément les dernières décisions politiques de monsieur Rebsamen qui m'ont amené à réviser mon jugement sur sa personne, jusqu'à muer cette sympathie en une haine farouche et implacable.

La première de ces décisions fut celle d'exporter aux Etats Unis les pleurants du tombeau pour les exhiber devant un parterre de gras dévoreurs de hamburgers au ketchup. Pour nous cette décision relève du sacrilège, voire pire, de la violation de sépulture ! C'était considérer ces statues comme de simples ornements esthétiques en leur déniant tout caractère sacré et religieux. Or ces pleurants ont une fonction bien précise ! Ils servent à prier pour le salut de l'un des pères fondateurs de la Bourgogne. En amputant, fut-ce temporairement, la sépulture de notre révéré Jean sans Peur monsieur Rebsamen a sali sa mémoire et blessé la Bourgogne toute entière.

La seconde de ces décisions fut la création de la piscine olympique qui coûta la bagatelle de24 millions d'euros ! Tout ça pour quoi ? Pour une grande cuve remplie de ce liquide infâme dont je répugne à prononcer le nom, pour cet odieux mélange contre nature d'hydrogène (que nous abhorrons) et de dioxygène (sur lequel nous ne cracherons jamais assez !). N'y avait-il rien de plus urgent que de construire une grande flaque de flotte carrée ? Je vous le demande un peu, ce bassin, tout olympique soit-il, n'aurait-il pas pu être rempli d'un liquide autrement plus noble, comme le vin, par exemple ? Sans compter que cette piscine risque d'avoir des effets particulièrement néfastes pour la jeunesse bourguignonne. En incitant les jeunes à humecter leur organisme en le trempant dans une boisson chloré nous les détournons d'activités ô combien plus saines, comme l'oenologie, la dégustation de vin, la soulographie ou encore l'alcoolisme.

Voulons nous que nos enfants ressemblent au bareuzai ou bien à Johnny Wessmuller ?



Que d'eau ! Que d'eau, hélas !

Toutefois, malgré ces lourdes erreurs politiques, nous autres, membres du Mouvement de Libération de la Bourgogne, pas rancuniers pour deux sous, nous offrons à monsieur Rebsamen un moyen très simple de s'amender, en faisant d'une pierre deux coups. La solution pour effacer ces fautes est la suivante : baptiser la piscine olympique du nom de Jean sans Peur !

De quelque côté qu'on l'examine, cette solution ne présente que des avantage. D'abord on conviendra que "piscine olympique du grand Dijon" est un nom bien fade, bien commun et difficile à prononcer, et qu'en lui accolant le nom glorieux de Jean sans Peur, elle n'en présenterait un caractère que plus auguste et nous réussirions ainsi à mieux à l'intégrer dans le patrimoine bourguignon. Ce serait aussi un moyen pour monsieur Rebsamen de présenter ses excuses à Jean sans Peur. Après tout, il est injuste que cet illusre duc ne dispose pas d'un seul monument à son nom dans toute la ville de Dijon. En outre ce choix serait des plus logiques au regard de l'histoire. Souvenons nous que c'est au dessus du pont de Montereau que le 10 septembre 1419 Jean sans Peur fut assassiné, lardé de nombreux coups de couteau, avant que son corps ne chût dans la rivière. Une telle décision constituerait donc un vibrant hommage rendu au talent natatoire dont l'illustre duc fit preuve de façon post-mortem.

Et quelle leçon d'histoire pour tous les nageurs de la Côte d'Or !



Jean Sans Peur, coiffé de son ducal bonnet de bain

Nous espérons donc que monsieur Rebsamen saura prendre la décision que la logique même impose, et fondons nos espoirs sur le Bourguignon, qui nous le savons, sommeille en lui.

Vive la piscine Jean sans Peur !