lundi 23 mars 2009

L'amour à la bourguignonne (2)

Dans un précédent article (que je vous invite à lire au plus vite si vous n'avez pas encore eu le bon gout de le faire), je vous avais révélé l'existence d'une forme d'amour propre à la Bourgogne : l'amour dit « à la bourguignonne ». Les sens électrisés par le récent retour du printemps je ne résiste pas à l'envie de vous entretenir de façon plus détaillée de cette facette si plaisante de notre culture.
La lubricité des Bourguignons commence dès leur plus jeune âge, et leur précocité est à ce titre particulièrement remarquable : c'est à 6 ans que le jeune Charles le Téméraire foutit sa première donzelle, la jeune et charmante Catherine de France, de 12 ans à peine, et à qui il venait tout juste d'être marié. Mais Charles est un étalon bourguignon de tout premier ordre et la plupart d'entre eux (à commencer par votre serviteur) font seuls leur initiation à la sexualité par la pratique de la masturbation, génialement célébrée par l'un de nos plus grands poètes : Alexis Piron. C'est priapiquement que les adolescents bourguignons font jaillir le foutre de leurs vits encore glabres, par litres entiers. Les records de consommation de mouchoirs en papier en Bourgogne prouvent d'ailleurs qu'ils font partie des plus grands masturbateurs d'Europe (surtout quand on sait que, robustes, les Bourguignons sont peu sensibles aux rhumes et qu'ils utilisent de préférence des mouchoirs en tissu). Puis vient l'époque du collège, époque bénie où les jeunes filles en fleurs se font défleurer, commence alors pour le Bourguignon une longue période de rut ininterrompu, qui ne s'achève qu'à son décès. Quiconque a déjà travaillé dans un hospice en Bourgogne sait pertinemment que la la frénésie libidineuse de nos octogénaires n'a rien à envier aux plus jeunes d'entre nous.

Aaaahh.... Bourgogne !

L'amour à la bourguignonne est impétueux, exalté et sensuel. Il a su se débarrasser de toutes les puérilités qui encombrent trop souvent la volupté des sens, à savoir : les sentiments, la tendresse ou encore la fidélité (qui sont les maladies infantiles de l'amour). Il n'exclut pas la galanterie, mais il ne s'encombre pas ensuite de toutes les lourdeurs du couple. Quand le Bourguignon parle d'amour, c'est en brandissant son sexe. Charmeur, le Bourguignon déploie tout son esprit pour courtiser l'objet aimé, mais quand il a reçu d'elle un acquiescement plus rien ne saurait le retenir, et son coït est plus proche du viol que de l'amour courtois. Quant aux femmes elles ne sont pas en reste, et quiconque n'a jamais couché avec une bourguignonne ignore tout du véritable sens du mot éjaculation. La bourguignonne est rude mais plantureuse. Pas franchement bêcheuse, on ne saurait qualifier ses cuisses d'inflexibles, mais gare au vit mal préparé car son con est semblable à un puits sans fonds, plus d'une bite s'y sont égarées. Le Bourguignon ne languit pas de désespoir à l'idée d'être éconduit. S'il boit un calice jusqu'à la lie, ce n'est pas celui de la mélancolie, mais une coupe pleine de foutre. Repoussé, il se console très facilement entre les cuisses d'une autre, moins bégueule. L'idée qu'on puisse se suicider pour les yeux d'une femme lui est parfaitement étrangère. D'ailleurs l'idée même du suicide parait absurde à celui pour qui la vie n'est qu'un océan de volupté, pas un seul de nos grands hommes n'y a eu recours.
Il est remarquable de voir que la littérature bourguignonne, plus qu'aucune autre, regorge d'écrivains libertins : Piron, Nerciat, Crébillon, La Monnoye, Denon, Restif de la Bretonne, Bussy-Rabutin, sans oublier la troubante Valentine de Saint-Point dont le Manifeste de la luxure est un véritable hymne à l'amour à la bourguignonne. Sade lui-même se rendit plusieurs fois à Dijon et rendit hommage à sa prodigieuse sexualité dans la Nouvelle Justine. En revanche, on ne compte qu'un seul écrivain romantique : Lamartine, mais en se présentant à la présidence de la république française il nous a prouvé qu'il appartenait bien davantage à ce pays qu'à la Bourgogne, et c'est sans regrets que nous rendons à la France cet odieux geignard dont les pleurnicheries nous ont toujours insupporté (quant à Bertrand et Forneret, leur originalité les situe bien au délà du romantisme et il n'y a que les historiens paresseux qui les classent dans ce courant littéraire pénible et parfaitement étranger à l'esprit bourguignon).

Lamartine, le bande-mou des lettres bourguignonnes.

A quoi tient le formidable développement de cette lubricité des plus insatiable dans nos contrée ? Question ardue qui mériterait un approfondissement beaucoup plus poussé. Je me permets toutefois d'avancer l'hypothèse de trois facteurs explicatifs. Le premier est d'ordre historique : le long trajet entrepris par les Burgondes pour parvenir jusqu'ici se traduisit par une immense frustration sexuelle, qu'ils durent combler avec férocité lorsqu'ils atteignirent leur destination, et le souvenir de ces prouesses lascives resta dans les moeurs bourguignonnes (la France moins chanceuse fût envahie par les Francs dont la pusillanimité érotique faisait la risée du monde barbare). Cette explication n'est qu'à moitié satisfaisante car elle suppose que cette forme d'amour daterait des invasions barbares ce qui n'est pas le cas. On sait bien que ce n'est pas seulement dans un but stratégique que Vercingétorix installa ses armées à Alésia, mais aussi pour profiter des petites Mandubiennes, les plus savantes suceuses de la Gaule chevelue. La seconde hypothèse, bien plus probable, est d'ordre géographique. La France se compose d'immenses plaines, dont la monotonie et la platitude poussent naturellement au ramollissement du vit, mais aussi de hautes montagnes, qui, par leur turgescence et leur dureté rocheuse insufflent d'incurables complexes à tous les fouteurs, provoquant une impuissance sexuelle massive (toutes les femmes qui ont déjà couché avec un Suisse ou un Savoyard ne me contrediront certainement pas). La Bourgogne au contraire est formée de collines grasses, aux formes féminines, qui érotisent instinctivement les sens. De plus le châtaigner y pousse en abondance, et l'on sait combien l'odeur de sa fleur est proche de celle du sperme. Enfin dernière explication : on n'ignore pas qu'Eros et Dinoysos vont toujours de pair, et rien n'invite aux voluptés spermatiques comme le bon vin, toujours libéralement consommé par les gosiers de nos compatriotes, pour le plus grand plaisir des ovaires bourguignonnes.

Aphrodisiaques paysages de l'Auxois.

Qu'on se le dise, la révolution bourguignonne sera donc aussi une révolution sexuelle !


Le combat pour l'indépendance passe aussi par la promotion la plus active de l'amour à la bourguignonne, aujourd'hui gravement menacé par l'amour à la française, psychologique et sentimental, qui se répand sournoisement dans les moeurs, via la presse féminine notamment, dont l'idéologie est pernicieusement anti-érotique (encore que l'Yonne ait su ces dernières années opposer une résistance assez farouche à toutes formes de sentimentalisme).

Aussi c'est le sexe tendu et les cuisses écartées que nous marcherons vers notre libération !