mercredi 6 février 2008

Fait divers dijonnais

Laissez-moi vous raconter une histoire qui comporte le double avantage d'être tout à la fois véridique et édifiante (et si cela n'avait pas été le cas, je ne vous l'aurais pas relatée, car contrairement à ce que certains semblent penser, ce site n'a pas vocation à distraire quelques internautes égarés mais à véhiculer des idées tant politiques que culturelles).
Notre histoire se déroule dans un bar dijonnais (ce qui est logique pour une histoire bourguignonne, elle n'allait certainement pas se dérouler dans une bibliothèque).
Un simple bar, tout ce qu'il y a de plus anodin de par chez nous.
Dans ce bar, plusieurs groupes de buveurs vaquent aux occupations les plus diverses, certains conversent en buvant du vin, d'autres, plus modérés, discutent en sirotant des bières, d'autres préfèrent blablater en pictonnant des kirs, enfin certains, les plus bourguignons d'entre tous, choisissent d'échanger verbalement des considérations sur l'existence tout en faisant coulisser des breuvages alcoolisés en direction de leur foie par l'intermédiaire astucieusement utilisé de leur oesophage.
Toutes les conditions sont réunies pour que la soirée se déroule dans les meilleures conditions.
Soudain entre un Français !
Un frisson d'effroi parcours soudainement l'échine de nos protagonistes qui fusillent l'intrus de leur regard le plus noir, lui laissant deviner l'importunité de sa présence.
Le Français, ne soupçonnant pas encore ce qui l'attend, commande un café (breuvage, faut-il le rappeller, dont le degré d'alcool avoisinne le néant). Le serveur lui apporte en maugréant, laissant provisoirement de côté ses convictions nationalistes pour empocher l'argent de son occupant.
La soirée reprend tant bien que mal son cours. Après tout nos buveurs en ont vu d'autres et il n'est pas question de troubler la bonhommie légendaire de la Bourgogne pour si peu de choses.
Les verres sont enquillés les uns après les autres dans une ambiance des plus conviviales.
L'un des buveurs, dans un geste parfaitement anodin et qui d'ailleurs ne surprend personne, décide de s'en griller une petite, parce qu'après tout, rien ne vaut une bonne petite clope pour accompagner son verre, n'est-ce pas ? Notons que l'individu en question ne pense absolument pas à mal à ce moment précis, il éxécute un geste le plus machinalement du monde. L'idée que ce geste soit illégal ne l'effleure pas le moindre instant. Pour lui cette loi récente est à peine un vague et lointain souvenir, un propos qu'on lui a évasivement reporté et qu'il a accueilli par un haussement d'épaules en signe d'incrédulité.
Ni une, ni deux, le Français bondit de son siège, interpelle un agent de police qui passait alors dans la rue et, dans un élan irrépréssible de respect de l'autorité, dénonce le pauvre fumeur, qui se retrouve, hébété d'incompréhension, flanqué d'une amende, dont le montant m'est inconnu, mais que le fumeur n'hésita pas à qualifier de "foutrement cher" (l'énervement expliquant la trivialité de son vocabulaire).
Ce qui devait arriver, arriva, les plus perspicaces l'auront deviné et la logique elle-même interdisait toute autre issue à cette histoire : le délateur français est sévèrement passé à tabac par l'ensemble des personnes présentes dans le bar qui lui font comprendre à grands coups de chaise dans la tête qu'il a commis une erreur. Une fois de plus, la violence se révéla être un bien piètre précepteur de philosophie puisque le mouchard acheva sa soirée aux urgences, qu'il la poursuivit dans le coma et la termina à la morgue.

Encore une victime du passage-à-tabagisme passif.

Vous me demanderez sans doute la morale d'une histoire aussi tragique, aussi, je m'empresse de vous la donner (vous connaissez ma prodigalité en la matière). Il ne s'agit pas de saluer un geste qui, aussi patriote soit-il, n'en est pas moins condamnable et contraire à tous nos principes. Il ne s'agit pas non plus de discuter la loi anti-tabac qui vient d'être votée et qui n'intéresse nullement notre mouvement qui ne se préocuppe que des questions qui peuvent concerner directement la Bourgogne, indisctinctement des tendances politiques et des opinions sur l'hygiène. Il s'agit simplement de montrer deux choses, qui apparaissent indéniables dans cette sinistre affaire : d'abord l'inadéquation flagrante entre les lois votées à Paris et les moeurs des personnes qui sont contraintes de leur obéir ensuite l'inadéquation plus fondamentale encore entre le tempérament bonhomme des Bourguignons et la lâcheté hypocrite des Français.

La Bourgogne indépendante une vie aurait pû être épargnée ce jour là. Combien de victimes faudra-t-il pour que la France comprenne la leçon ?

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