vendredi 25 janvier 2008

Petite leçon de bourgognitude

La situation économique étant ce qu'elle est (c'est-à-dire un vaste champ de désolation), mieux vaut attendre patiemment qu'elle pourrisse définitivement pour mieux illustrer la véracité de mes thèses et en tirer les bénéfices politiques plutôt que de souffler sur un feu déja proche de la fournaise.
Voilà pourquoi, loin des aléas fangeux de l'actualité, l'article du jour portera sur un point essentiel pour notre mouvement : le caractère bourguignon. Qu'est-ce qui caractérise l'âme bourguignonne ? S'il est vrai que l'Auvergnat est radin, que l'Alsacien est réactionnaire, que le Chinois est fourbe et que le Marseillais est malhonnête, il n'est pas moins vrai que le Bourguignon est jovial. Je m'empresse ici de préciser que notre sujet est l'idéal type du bourguignon, nous parlons ici du caractère général, non des individus, aussi si vous connaissez comme moi un bourguignon neurasthénique et amorphe, inutile de m'en faire part, ce contre exemple ne peut suffire à invalider ma thèse (de même qu'un Français honnête et courageux ne saurait infirmer le caractère turpide définissant nos envahisseurs).
Nous disions donc que le Bourguignon était jovial, et non seulement il est jovial, mais en plus il est généreux. Et oui ! Il est comme ça le Bourguignon ! De l'impayable Chanoine Kir illustrant des discutions pointues de théologie en parlant de son postérieur, en passant par le débonnaire Gaston Gérard, politicien resté illustre pour sa façon d'accomoder le poulet , les exemples ne manquent pas pour illustrer le caractère primesautier de la Bourgogne, pour montrer aux yeux stupéfaits du monde son visage riant et couperosé.
Outre ces illustres exemples, on retrouve le même esprit fraternel et débonnaire dans la culture populaire (émanation directe de l'âme d'un peuple), depuis chevaliers de la table ronde en passant par joyeux enfants de la Bourgogne, tout le folklore traditionnel célèbre la joie de vivre et l'éthilyisme le plus débridé.

Déja les grands ducs savaient illustrer le caractère enjoué de la Bourgogne à travers d'immenses banquets, où, au dire des chroniqueurs de l'époque, on se bidonnait sacrément.

Certains esprits un peu sarcastiques pourraient voir dans ce portrait du Bourguignon l'image d'un gros beauf aviné. Certes l'auteur de la Critique de la Raison Pure n'a pas grandi au milieu de nos vignes gorgées d'alcool, car en Bourgogne c'est plutôt le raisin pur (c'est-à-dire non distillé) qui est critiqué, si vous me passez ce calembourg (que voulez-vous ? je suis Bourguignon moi aussi). Pourtant on aurait tort de voir dans cette faible propention à la dissertation métaphysique un signe de bêtise. Ce serait avoir une vision univoque (et donc partiale) de l'intelligence, or celle-ci en Bourgogne se décline sous d'autres formes non moins valables qu'à Koenigsberg (patrie de Kant, auteur de l'ouvrage nommé ci-dessus, pour ceux qui ne disposeraient pas de la culture la plus élémentaire). Les caractères de l'intelligence bourguignonne sont évidemment celles de son tempérament profond, c'est-à-dire l'humour, la truculence, l'originalité, la verdeur ou encore l'audace et l'indépendance face aux académismes les plus austères. L'intuition y joue naturellement un rôle plus puissant que la dissertation méticuleuse, mais n'est-ce pas la faculté qui a le plus apporté au développement des arts ?
Ô vin, elixir du bonheur, que serait notre peuple sans tes divines facultés ?

Le facétieux Piron, le jovial Bernard de Bonnard, mais aussil'inénarrable Tabourot dont l'ambition si bourguignonne était de « se chatouiller lui-même afin de se faire rire le premier, et puis après les autres » ou encore par la verve fantaisiste et originale d'Aloysius Bertrand sans oublier la prodigieuse excentricité de Xavier Forneret, constituent autant d'exemples qui fournissent d'éloquents exemples à mon argumentation et ne manqueront pas d'anéantir les réticences des plus sceptiques d'entre mes lecteurs.

Aussi mes amis, la meilleure façon d'afficher ses convictions indépendantistes c'est encore d'opposer au cynisme français notre joie de vivre insolente, qui semble crier à la face du monde : "oui nous sommes fiers d'être bourguignons".

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Vercingétorix,

Je trouve que vous avez fort raison, les bourguignons sont joviaux, j'irais même jusqu'à dire qu'ils sont dans l'ensemble de joyeux lurons, sans pour autant sacrifier à la vulgarité.

Merci pour votre site bien tenu sur nos belles terres.

Anonyme a dit…

Cher Libérateur,

Si la lecture de votre article ne peut que porter aux nues tout Bourguignon qui se respecte - même neurasthénique - je tiens à objecter une faute.

Oui, vous avez bien lu : une faute. Qu'est-ce que cette bouteille de Château Latour fait sur ce billet ? Les vins de Bourgogne ne seraient-ils pas assez savoureux, au point qu'ils soient supplantés par les breuvages de ces intolérables Bordelais ?

En comptant sur votre bourgognitude pour une prompte correction.

Un lecteur qui ne badine pas avec l'elixir de jovialité. Non mais !

Charles le Téméraire a dit…

Cher Rodolphe,

Vous avez raison c'est une négligence impardonnable qui est à présent corrigée.
Merci de votre vigileance et bravo pour votre esprit bourguignon intransigeant sur ces questions essentielles.