jeudi 31 janvier 2013

La Saint-Vincent à Châtillon-sur-Seine

La Bourgogne a ses saints, qu'elle honore pieusemet. Elle a Saint Benigne, son évangéliste, Saint André bien sûr, son protecteur ou encore Saint Bernard, le "docteur savoureux". Mais il est un saint qui y fait l'objet d'une dévotion toute particulière, et on comprend pourquoi, c'est Saint Vincent, le saint patron des vignerons.
Saint Vincent est en quelque sorte le Bacchus du catholicisme, le poivrot du Panthéon, le pilier céleste des comptoirs du paradis, autant dire le plus bourguignon de tous les saints !
Chaque année, la célébration de la Saint Vincent est une tradition à laquelle les Bourguignons ne dérogent pas, et qu'ils célèbrent avec la dévotion qui les caractèrise : dégustation, ingurgitation, bibition, bans bourguignons et peaux de renards ! Tels sont les caractères de la vraie foi bourguignonne !
Cette année, par un hasard inouï, la fête de la Saint-Vincent, que l'on célèbre chaque année dans un vignoble différent, se tint non loin de chez moi, à Châtillon-sur-Seine ! A cette nouvelle, je n'hésitai pas et précipitai au plus vite mon gosier en cette charmante ville pour rendre hommage à ce saint si sympathique !



Dès mon arrivée dans cette ville, je fus agréablement surpris par la splendeur des décorations qui en paraient les rues : guirlandes de crépon en formes de bouchons de pinard, grappes de ballons gonflés en formes de raisins... Je retrouvais là tout ce goût naîf, touchant, grotesque et bachique si propre à la Bourgogne et qui m'enchanta positivement !
A l'accueil, et pour une somme dérisoire, je fis l'acquisition d'un kit de dégustation qui offrait à mon goulot goulu la possibilité de goûter aux crémants de Bourgogne en toutes couleurs, les millésimés, les blancs, les rosés, les blancs de blanc, et même (ô paradoxale bichromie !) les noirs de blanc !




Alors, partout ce ne fut plus devant moi qu'une immense et joyeuse fête. Une flute  d'un excellent pinard en ébullition à la main, je déambulais au milieu de trognes de bourguignons épanouies, bien rougeaudes, aux sourires francs, ce n'étaient que tapes dans le dos, verres trinqués et éclats de rire.
Non, il n'est pas de fête plus joyeuse et plus bourguignonne que la Saint-Vincent. A chaque coin de rue, on s'y embourgognise dans des bourgogneries bien bourguignantes ! On n'y boit que du bourgogne et on n'y mange que bourguignon (escargots, gougère et boeufs) ! Ah Bourgogne ! Comme y sent libre, et ivre et loin de la France !




Malgré l'état d'euphorie où le crémant et la bonne humeur générale m'avaient plongé, comme en témoignent ces quelques photos, je n'en oubliais pas pour autant ma tâche militante et profitai de l'occasion pour distribuer ici ou là quelques autocollants et quelques manifestes de la Bourgogne Libre, à des Bourguignons particulièrement réceptifs à notre cause.


La religion n'avait pas certes été oubliée. On organisa une procession et une messe, auxquelles je n'assistai pas, en raison de leur caractère éminemment matinal. Je pus en revanche admirer quelques oeuvres d'art, comme cette délicieuse sculpture de vierge qui tient en ses mains la chose la plus sacrée au monde, je veux dire le raisin !


Mais la Saint Vincent, ce n'est pas seulement le vin et la religion, c'est aussi l'amour à la bourguignonne ! Partout, aux 4 coins de la ville, des bourguignonnes plantureuses me ravirent par le spectacle de leurs formes généreuses qui s'animaient au mouvement sensuel des danses érotiques de Bourgogne, provoquant dans la foule un émoi bien compréhensible.

Ô charmes ineffables de la Bourgogne !
Ô bourguignonnes bandaisons !

Oui, tout véritable bourguignon se doit de participer au moins une fois à cette merveilleuse sauterie, et qui veut comprendre à quoi ressemblera la Bourgogne quand elle sera libérée, doit venir s'enivrer à la Saint-Vincent !

J'émettrais toutefois une légère critique à l'encontre de cette délicieuse bacchanale : et qui est sa date ! Quel est le fieffé imbécile qui eut l'idée de placer la vénération de ce saint en plein de mois de janvier ! Boire toujours agréable, mais il est tout préférable de le faire au soleil plutôt que sous la neige, qui ne nous a d'ailleurs pas épargnés cette année. Au bout de quelques heures, j'étais moi même totalement engourdi, tremblant de froid, ma sensibilité était abolie et j'étais même si congelé qu'il m'arrivait d'oublier que j'étais ivre !
Quand la Bourgogne sera libre, il serait de toute première nécessité de demander au pape une légère modification de l'éphéméride et un échange entre le jour de la saint vincent et celui de quelque autre saint célébré au mois de mai. 

Vive Saint Vincent et vive la Bourgogne Libre !

5 commentaires:

fuermosha a dit…

Magnifique, à quand un tel rassemblement organisé par Bourgogne Libre ?

Anonyme a dit…

Pas d'accord du tout pour changer la date de la Saint-Vincent, car c'est l'anniversaire de mariage de mes parents ! Ce n'était alors pas l'hiver, aux antipodes... Jusqu'à maintenant, j'ai toujours cru que c'était le grand Vincent de Paul que l'on fêtait à cette date, mais grâce à toi, je viens de découvrir qu'il ne s'agit en fait pas du même Vincent !
Bonne année à toi aussi ! C'est toujours un plaisir de te lire !
Assumpta

Charles le Téméraire a dit…

Fuermosha : c'est là une excellente idée, nous allons y songer.

Assumpta : Merci, c'est toujours un plaisir de recevoir tes commentaires. Et bonne année à toi aussi.
Toujours dans la banque ?

Anonyme a dit…

Un rassemblement de ce genre serait tout simplement génial ! C'est une simple idée mais la Saint-André en 2013 tombe en plein week-end, autant relier le symbolique et une bonne beuverie entre Bourguignons en l'honneur de nôtre Saint patron !
Sinon ton blog est toujours aussi excellent !

Guigone de Salins a dit…

Magnifique!