samedi 21 juin 2008

Musique bourguignonne

21 juin ! Voilà pour nous l'occasion d'aborder un sujet trop négligé dans ces pages : la musique bourguignonne. On sait tous que la Bourgogne, à son apogée, fût le berceau d'une des plus grandes écoles de peinture de l'Histoire de l'Humanité (n'en déplaise aux amateurs de spaghetti), de la plus grandiose de toutes les écoles de sculpture de tous les temps (ah Sluter, que Phidias parait grossier face à tes mains séraphiques) mais on oublie encore trop souvent qu'elle fût aussi celui d'une école de musique que les critiques les plus féroces qualifient eux-mêmes d'extraordinaire, en trouvant le mot encore trop faible par rapport à son incomparable génialité.
Son représentant le plus fameux est sans doute l'illustre Guillaume Dufay, prodigieux innovateur à qui Mozart a presque tout volé, et dont la verdeur et la bonhomie ne se sont jamais démentis, sauf peut-être à la fin de sa vie, dont il nous reste le témoignage pathétique de la chanson Je ne suis plus tel que soulois, où il abordait de façon poignante le thème de l'impuissance dans les vers suivants :

Devenu suis vieux et usé
Et vit s'est étriqué
Et m'ont les dames refusé.

Est-il rien de plus émouvant que la sincérité de cet aveu et que la sénescence de ce gaillard, jadis si vigoureux, privé des plaisirs les plus sains par les ravages du temps ?
Son talent s'exprima surtout dans la musique liturgique, mais je n'ai guère le temps de vous diffuser ici une messe dans son intégralité, aussi ai-je préféré partager une de ces chansons gauloises dont nous avons le secret, et qui, à mon sens, expriment avec bien plus d'acuité le caractère émerillonné de la Bourgogne, son naturel enjouement et sa légendaire bonhomie. Mais écoutons un peu Guillaume avant d'en dire davantage :




Admirable n'est-ce pas ? L'air joyeux, le contrepoint fermement maîtrisée et la gaillardise des paroles forment une remarquable composition qui transcende le pompeux Ars Nova en une musique agréable et savante à la fois. Certes de nos jours on pourra être un peu choqué par les paroles qui nous narrent les amours de Dufay pour une fillette de 15 ans, qui ne vient plus à la fontaine en raison de ses yeux brillants (signe de débauche) mais il faut bien se préserver de tout jugement moral sur les moeurs du passé, souvenons-nous que Charles le Téméraire s'est marié à l'âge de 7 ans à une fille âgée de 12 ans. Il n'y avait pas à cette époque d'âge légal pour la nubilité, en outre le viol était une pratique très courante autour de laquelle on ne faisait pas tout un fromage comme aujourd'hui, on prenait la chose avec légèreté. On s'aime, on se quitte, folles gaietés de l'amour où le tragique n'a pas sa place. Âge béni où le féminisme n'avait pas encore fait ses ravages dans les rapports entre hommes et femmes. Comme on dit en bourguignon :

laissai vo aillai peutiote, vou ai robe déboutonnée ai mis a cu.

Méditez bien ces sages paroles, et bonne fête de la musique !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

spéciale dédicace à emile louis.