dimanche 25 mai 2014

Petit à voyage à Vienne la burgonde

Comme mes ancêtres burgondes, qui partirent de la mer Baltique pour venir s'installer en Bourgogne, j'ai le goût de voyage. Et c'est en direction de Vienne qu'aujourd'hui mon atavisme barbare me conduisit. 

Vienne, comme chacun sait, est une antique cité burgonde. Autant dire que c'est une ville bourguignonne. Car ce qui, entre autres choses, fait la saveur de la Bourgogne, c'est qu'elle dispose d'un centre (le pays du vin), mais qu'elle n'a pas de périphérie, et qu'il est possible d'en goûter les charmes bien au-delà des chétives frontières entre lesquelles l'administration française l'a engoncée.
Bien souvent on me demande : "Mais où s'arrêtent les frontières de la Bourgogne ?", ce à quoi j'ai coutume de répondre :"Mais nulle part, voyons, nulle part, pourquoi diable vouloir les arrêter ?". 
C'est donc avec la certitude de visiter une ville bourguignonne que je me rendis à Vienne, et je ne fus aucunement détrompé.

Vienne, disais-je, est une très antique cité burgonde, que je visitai pour la première fois. C'est donc animé par une joie intense que je débarquai du train, et parcourut les rues de cette, dont le sol avait été foulé par des guerriers burgondes. Oui, pensai-je, en frissonnant de plaisir, qui sait si ce badaud au maillot à paillettes que je croisai sur le trottoir n'est pas le lointain rejeton d'un bâtard du roi Gondioc ? Qui sait si Godomar n'a pas foulé ce pavé ? Qui sait si cette cagole qui étale abondamment son sourire niais sur son visage tartiné de fond de teint n'est pas une petite-fille de la reine Théodelinde ? Qui sait si Godégisèle n'a pas violé ici quelque indigène ? Ces hypothèses qui me traversaient l'esprit en nuées, et ,malgré leur caractère hautement improbable, ne manquaient pas de me plonger dans le délicieux vertige de l'histoire. 

 "Qui sait si ce temple romain ne fut pas dévasté jadis par quelques uns de mes ancêtres burgondes ?"

C'est donc en songeant à toutes les richesses de la culture burgonde, l'esprit grisé par le souvenir de ces illustrespersonnages que j'admirais tant : ces Godomar III, à ces Gondebaud ou à ces Gondichaire, que je continuai mon chemin ; mais je ne pouvais m'empêcher de songer avec regret que, s'il est beau de piller et de violer, il est plus beau encore de bâtir et de fonder, et je regrettai quelque peu que ces fiers guerriers furent d'aussi piètres bâtisseurs.
Mais tandis que j'en étais là dans mes pensées, j'arrivai devant un monument où j'allais voir manisfestée toute l'histoire de la Burgondie : la cathédrale Saint Maurice :


C'est en ce lieu en effet, que le passé bourguignon de la ville brille avec le plus d'éclat !
Remarquons d'abord que c'est à Saint Maurice que cette cathédrale est consacrée. Or, Saint Maurice, comme chacun sait, fut le saint patron des Burgondes. C'est en s'agenouillant devant les reliques de saint Maurice, que les rois de Burgondie se faisaient couronner et c'est en son nom qu'ils juraient fidélité à la cause bourguignonne. Maurice fut donc aux Burgondes ce que Denis fut aux Francs ! Que Saint Maurice prie pour la Bourgogne !
Une carte présente à l'entrée de l'église me montra bien d'ailleurs la coïncidence presque parfaite entre l'ancien territoire burgonde et l'expansion du culte de Saint Maurice :


Mais ce n'est pas seulement par son culte que ce lieu constituait un haut lieu de l'histoire bourguignonne. C'est aussi par son histoire. Les chroniqueurs rapportent en effet que c'est à cet emplacement que se régla le conflit qui opposa Gondebaud à son frère Godégisèle. C'est dans l'église principale de Vienne que Gondebaud, après avoir pénétré avec son armée dans la ville en s'infiltrant par l'aqueduc, décapita à la hache son frère Godégisèle, qui avait commis la félonie de s'allier aux Francs, qui étaient déjà les pires ennemis de nos ancêtres les Burgondes.
Je visitai donc cette église en songeant hébété à la nuque broyé de Godégisèle et au sang de ce félon qui imbibait sans doute le sol que je foulai. Ô douce extase !


La suite de ma visite m'appris que d'autres illustres personnages bourguignons étaient passés en cet endroit.
Ainsi, une pancarte vint me rappeler que c'est ici que prêcha l'évêque Guy de Vienne, qui devint pape sous le nom de Calixte II, et qui est plus avantageusement connu sous le nom de Guy de Bourgogne !


Un peu plus loin, c'est une stèle funéraire qui attira mon attention. Je tâchais d'en déchiffrer l'inscription latine, et je découvris avec stupéfaction qu'il s'agissait de l'épitaphe de Boson en personne ! Oui, il reposait là, le glorieux Boson le bosonide ! L'illustre rejeton d'Engeltrude ! Le glorieux mari d'Ermengarde ! L'inoubliable père d'Engelberge de Provence ! J'avais tant de fois rêvé de cet illustre personnage, à l'impérissable renommée de celui qui entreprit, comme moi, de restaurer le royaume de Burgondie, et voilà que je découvrais enfin sa sépulture !
Ô glorieux Boson ! Ton nom ni tes hauts faits jamais ne s'effaceront de la mémoire des hommes !
Je fus si ému de découvrir si soudainement la tombe de mon insigne prédécesseur, qu'aussitôt je m'agenouillai devant elle et que j'entrai tout à la fois en oraison et en extase !


 Je sortis de cette splendide cathédrale, l'esprit tout empli de l'histoire de la Bourgogne, mais Vienne me réservait bien d'autres surprises, et en continuant ma visite, je ne pus pas faire deux pas sans me heurter à quelque témoignage de son passé bourguignon.
Ainsi, quelques mètres plus loin, tandis que m'attablai à une terrasse pour boire quelque breuvage, bourguignon évidemment (une bière), je découvris cette église :


J'interrogeai les passants pour en connaître l'identité, et j'appris, avec une joie immense, qu'il s'agissait d'une église consacrée à Saint André, autre patron de la Bourgogne, et qu'elle servait jadis de chapelle au palais des rois burgondes ! Certains y étaient même inhumés, et notamment Conrad III de Bourgogne! Conrad III de Bourgogne ! Il reposait donc là cet immortel rejeton de la glorieuse race desWelf  ! Ce légendaire beau-fils de Gerberge de Saxe ! Ce triomphal amant d'Aldiud !
Pris de nouveau d'un enthousiasme extrême, je repris ma route, dans la plus grand exaltation, jusqu'à tomber nez à nez devant cette pancarte, qui porta ma joie à son comble :


Ah, et dire que je ne m'attendais,en arrivant à Vienne, qu'à ne trouver que 2 ou 3 vestiges fantomatiques de son passé burgonde, et voici que je ne pouvais faire un pas sans rencontrer la trace de la Bourgogne. Oui, la Bourgogne est si omniprésente à Vienne si qu'on finit par se demander pourquoi Vienne ne se trouve pas en Bourgogne. Chaque monument, chaque pierre, chaque gravier, me ramenait à l'histoire de la Bourgogne !
Oui, cette ville avait su faire battre si fort mon cœur bourguignon  que je décidai de lui laisser un petit souvenir et d'apposer nos couleurs sur ce murs.
 Et lorsque je quittai ces lieux, si puissamment bourguignons, j'avais la certitude que les Viennois, ces fiers descendants des Burgondes,comprendraient parfaitement notre message et s'y rallieraient sans doute avec enthousiasme.



Vive Vienne la burgonde et vive la Burgondie libre !

Panorama de la ville de Vienne, avec, au loin, son toit bourguignon !


Au cours d'un prochain article, et si j'ai la chance de pouvoir la visiter, je vous parlerais d'une autre ville dont le caractère bourguignon est lui aussi beaucoup trop méconnu : Shangaï !

1 commentaire:

Guigone de Salins a dit…

Ma foi cela donne envie d'aller à Vienne!