samedi 12 décembre 2009

La sculpture semuroise

Moi, quand j'ai envie de m'en payer une bonne tranche, illico, je fonce à l'église !
A l'église ?
Heh oui !
A l'église !
Pas tellement à cause de la religion (la crucifixion de Jésus n'ayant qu'un effet très modéré sur mes pourtant très malléables zygomatiques), mais surtout parce que c'est là qu'on peut voir le plus grand nombre de sculptures.
J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire (et même de le déclamer) : la sculpture est le plus bourguignon de tous les arts (parce que c'est le plus sensuel), mais ce qu'il ne faut pas oublier d'ajouter c'est que c'est aussi le plus hilarant de tous !
La sculpture c'est le délire de la matière ! C'est une facétie de marbre ! Une blague en granit ! Une boutade de calcaire ! Une galéjade minéralogique !
Quoi de plus tordant qu'une colonne de Brancusi ? Quoi de plus bidonnant qu'un pélican de Pompon ? De plus désopilant qu'un chapiteau de colonne romane d'une église du XII° siècle ?
Rien, ou pas grand chose.
La sculpture me fait marrer et me fera toujours marrer.
Mais visitons donc ensemble, si vous le voulez bien, la collégiale de Semur-en-Auxois.



Certes, au premier abord, la collégiale de Semur peut sembler assez ordinaire, et pour peu qu'un badaud y jette un regard élimé (c'est à dire peu perçant) il pourra hausser les épaules en lançant négligemment : "Oui oh ! ce n'est là qu'une collégiale gothique du XIII° siècle, je ne vois pas ce que vous y trouvez de si extravagant !". Mais qu'un péquin me lance une telle réplique au visage et il verra sa benoite assurance faire place au scepticisme en observant le ricanement sardonique que je lui renverrai. Aussitôt, pour peu qu'il soit un peu curieux (comme vous l'êtes chers lecteurs) je l'emmènerai découvrir cette collégiale pour lui montrer en quoi elle est épatamment extraodinaire.
Or ce qui constitue son extraordinarité (si vous me passez le mot) c'est précisément son caractère bourguignon.
Toute la culture bourguignonne résonne dans cette prodigieuse masse de cailloux minutieusement entassés.
Celle-ci se décline en trois aspects essentiels (qui sont en quelque sorte les colonnes qui soutiennent l'âme de ce grand peuple) que je vais illustrer à l'aide de photographies (prises par mes soins) de sculptures semuroises.

Voyons tout d'abord la soif et l'appétit. Nul ne me contredira si j'affirme que ce sont là deux éléments inaliénables de notre identité (et nous n'avons pas besoin de débattre, nous, pour savoir ce qu'elle signifie). Un Bourguignon se définit d'abord par son ventre et par son gosier, par son foie et son intestin grêle. Il n'est d'ailleurs pas anodin qu'un des seuls éléments du palais des ducs qui aient été conservés soit les cuisines ducales. La Sainte Chapelle de Dijon a été détruite, mais nul n'a osé s'en prendre aux cuisines des ducs car elles étaient encore plus sacrées que tous les temples. Or, malgré le caractère cultuel de cette église, la gastronomie y est pleinement honorée, dce qui démontre la sacralité que la Bourgogne lui accorde.


Un bon porc bien gras nous fait saliver dès l'entrée de cet auguste temple.


A l'intérieur, ce vitrail nous explique comment décapiter une vache pour en débiter de bons steacks bien sapides.


Voici le vitrail de l'abside où l'on voit Jésus gueuletonner avec ses amis. Le repas a été si copieux en pain et en vin, que Saint Jean (en jaune), ivre mort, s'est endormi sur la table.


Cette fois, sur le portail Nord, c'est Saint Thomas qui s'en fourre plein les trous de nez dans un orgiaque banquet, tandis qu'une danseuse particulièrement agile divertit les convives par ses poses lascives de voluptueuse contortionniste.


Mais que serait la gastronomie bourguignonne sans le vin qui l'accompagne, sinon un désert sans sable, une mer désalée ou un femme sans vagin ?
Les vendanges sont donc elles aussi à l'honneur au portail Nord où lon distingue d'ailleurs à gauche des feuilles de vigne.


Voici enfin la Vierge Marie, conçue sans pêché, qui tient les deux éléments les plus vénérés en Bourgogne : d'une main Dieu et de l'autre le Raisin.
Le vin se voit attribuer la même importance que Jésus Christ lui-même. C'est cela la religion en Bourgogne !
In vino veritas, amen !

La gastronomie , c'est bel et bon, mais une culture n'existe pas seulement dans les assiettes, elle s'inscrit avant tout dans les moeurs et les manières de vivre. Or ce qui caractérise les moeurs bourguignonnes, c'est la bonhommie, la jovialité, l'enjouement et encore l'alacrité, et cette collégiale en est l'une des plus joyeuses expressions, puisqu'elle sue la joie de vivre de tous les pores de ses pierres, comme ces quelques sculpture l'illustrent :


Que penser par exemple de ce portrait d'un notable semurois ? Ne dirait-on pas qu'il est sur le point d'éclater de rire ?


Où, sinon en Bourgogne, peut-on voir une sculpture médéivale ainsi éxploser de rire ? La cathédrale de Reims est célèbre, à juste titre pour son ange qui sourit, il est temps de rendre aussi illustre la collégiale de Semur pour son mascaron qui s'esclaffe !


Avez-vous déjà vu une sculpture de lion aussi fendarde ?


A se rouler par terre !


A se tordre de rire !


A se perforer la rate !


Aligné à gaucheA pisser dans son froc !


A se plier en quatre !

Je pourrais encore vous montrer cent visages de ce type, tous plus gondolants les uns que les autres, mais je pense que la démonstration du caractère émerillonné des Bourguignons est suffisamment éloquente.

J'en viens à présent à l'un des aspects de la culture bourguignonne qui me tient le plus à coeur, parce qu'il est encore nié par le scepticisme de quelques esprits bornés, j'ai nommé l'amour à la bourguignonne ! J'ai déjà démontré par maints exemples tirés de la littérature que les Bourguignons disposaient d'une libido insatiable, de vits toujours bandés et d'insubmersibles vagins, je vais à présent en apporter la preuve par des exemples puisés parmi les oeuvres de la collégiale de Semur (monument pourtant pieux et très catholique, et où l'on s'attendrait plutôt à voir règner la plus stricte chasteté, mais ce serait bien méconnaitre la Bourgogne).


Sur ce vitrail on voit Jésus carrément sortir de l'hymen encore sanglant de sa Sainte Mère (Marie était peut-être Vierge, mais rien n'indique qu'elle n'était pas sujette aux menstruations).
Notez comme les anges eux-mêmes tiennent écartées les grandes lèvres de la Vierge.




On a souvent écrit que la sculpture gothique était inférieure à la sculpture grecque parce qu'elle n'avait pas abordé le nu. Ces deux sculptures opposent un cinglant démanti à cette fausse réputation. Mesdames, mesdemoiselles, et vous, messieurs les invertis, je vous pose la question : avez vous jamais vu pli interfessier masculin aussi finnement ciselé et aussi désirable?


On voit sur cette photo un gryphon sculpté à la bourguignonne, c'est-à-dire en pleine érection !


On voit sur ces sculptures une femme nous montrer un livre saint pour mieux attirer l'attention sur ses beaux seins. Avouez que l'on a déjà vu des poitrines moins désirables ! Le chien à côté en frétille d'aise et en bande de plaisir !

Avez-vous jamais vu une sculpture aussi marrante que celle de ce macaque enchainé en érection ?
Moi pas.


Un beau vit de granit bien dur et bien bandé !
Digne de Priape !
De Piron à la sculpture gothique, qui ne verrait pas la continuité de la culture bourguignonne !

Du vin, du rire et de l'érotisme ! Toute la Bourgogne est là ! Et pourtant il s'agit bel et bien d'un édifice religieux, et ce qui fait le miracle de la Bourgogne c'est que malgré ces aspects un peu paillards, cet art atteint néanmoins le sublime.
L'rt baroque crut atteindre le sublime en niant tous les aspects triviaux de l'existence, en ne montrant que de niais angelots et des vierges falotes. Cette conception idéale du beau ne fût jamais celle de la Bourgogne, et c'est pourquoi l'art baroque ne parvint jamais à s'y implanter. L'art gothique, comme l'art roman dont il s'inspire, au contraire, atteint le sublime en embrassant tous les aspects de l'existence, même les plus ordinaires en apparence. C'est un art symphonique et sensuel ! Il atteint le Beau sans renier le grotesque, et respecte la religion en célébrant la vie dans tout son foisonnement !


Cette mise au tombeau est sans doute le chef d'oeuvre de la collégiale de Semur. On reconnait l'école de sculpture bourguignonne par la lourdeur des drapés et des pliures, qui lui donnent cet aspect si solennel.


Ce Christ atteint le pathétique d'une toile de Mantegna !



Sublime et bourguignon !

Il va de soi que lorsque la Bourgogne sera libre, l'une des premières mesures que nous prendrons pour revivifier la culture bourguignonne sera de créer une grande école de sculpture et d'encourager cet art avec l'enthousiasme le plus effréné !

Amateurs de sculpture, soutenez le Mouvement pour la Bourgogne Libre !

7 commentaires:

Anonyme a dit…

bravo!! Quelle démonstration ! Je vais de ce pas m'exrcer à tailler un vit dans le marbre.

geoboss1 a dit…

Bien sûr la sculpture Bourguignonne est de loin supérieure à ce qui se fait chez le voisin Français.

Pour preuves, des moulages de sculptures gothique étaient exposées dernièrement à la citée des sciences et de l'architecture à Paris et composée quasiment exclusivement de copies d'œuvre....Bourguignonne bien sûr!

Notamment le puits de moise si cher à votre cœur Charles et le tympan de la Basilique de Vézelay. Ce qui montre encore une fois la grande capacité française à duper bon nombre de touriste en s'accaparent les mérite qui ne lui reviennent nullement!

Anonyme a dit…

De bien belle photos.

à geoboss1 :
Malheureusement la Bourgogne étant officiellement française ils ont le droit de présenter ceci comme des œuvres françaises.

Après les bourguignons peuvent faire comme les catalans et faire un referendum sur l'indépendance. Mais je ne pense pas que le sujet soit même évoquer dans le campagne régionale. Il faut dire que français comme bourguignon les gens s'en tape de leur région au point de même pas en connaitre le président et vote donc pour une marque que pour une destiné.

Le duc des mythomanes

Charles le Téméraire a dit…

Ce n'est pas moi qui vais vous contredire mon cher Geoboss. Je surenchirai même sur vos pertinents propos en remarquant que la sculpture bourguignonne n'est pas seulement meilleure que la scultpure française, elle est aussi supérieure à celle de tous les autres pays d'Europe. Voyagez un peu, et comparez en toute franchise le Moise de Sluter avec celui de Michel Ange vous serez frappé comme moi par cette évidence. Le Moise de Michel Ange est lisse, musclé, il ressemble à un dieu grec ! Est-ce là la figure d'un homme qui a lancé sur l'égype des nuées de moustisque, qui a défié le pharaon, qui a tué tous les premiers nés d'Egype, qui a conduit 600 000 hommes dans le désert et qui eut les plus longs entretiens qu'un homme ait jamais eu avec Dieu ? Je ne le crois pas. Si le portrait d'un tel personnage a jamais été réalisé, c'est bien plutôt à Dijon qu'il faut le chercher, sous le ciseau de Sluter, dans cette figure terrible, sombre, tragique et sublime !

au duc des mythomanes :
votre point de vue est erroné. C'est comme si en 1930 la France avait présenté des sculptures cambodgiennes comme françaises sous prétexte que le Cambodge était alors une colonie française. Du point de vue politique votre argument aurait la même valeur, et du point de vue de l'histoire de l'art il serait tout aussi faux.

Concernant les élections, si les Bourguinons s'intéressent si peu à leur président de région, c'est parce qu'ils savent bien que celui-ci a au fond très peu de pouvoir. Si la Bourgogne était indépendante, il est évident que des élections à la même échelle prendraient une toute autre importance.

Valery a dit…

Cet article est excellent et le duc des mythomanes commence à nous les briser. Il est à la Bourgogne libre ce que Ségolène Royal est à Nicolas Sarkozy, un empêcheur de tourner en rond qui a l'envergure qu'une marge anale atrophiée.

Joyeux Noël et Bourgogne Libre.

Anonyme a dit…

Ne voit-on pas des escargots escalader une colonne du portail nord de ladite église de Semur ?...
Il semble me souvenir...
Montjoie au Noble Duc !
Vive Bourgogne !

Yazok von Kenoby a dit…

excellente digression sur l'art baroque face à l'art gothique
la supériorité de la sculpture bourguignonne vient exactement de cette capacité à ne rien idéaliser, à montrer des visages marqués, burinés