Il aimait l’atmosphère intime et la gaieté de bonne commère de Dijon ; il aimait l’accueil avenant et empressé de ses boutiques, la vie populaire de ses rues, le charme un peu désuet de ses vieilles places et de ses squares plantés de grands arbres et parés de jolies fleurs. Malheureusement, il commençait à en être de cette cité de même que des autres villes qui s’ingénient à simuler la redondante laideur du Paris neuf ; les anciennes rues disparaissaient ; de nouveaux quartiers surgissaient de toutes parts, avec des bâtisses insolentes avançant des balcons chambrés, à l’anglaise, dans des boîtes de fer, aménagées de carreaux de couleur, distribués en cases de jeu de dame, par des losanges divisés de plomb ; l’impulsion était donnée ; en trente ans, Dijon avait plus changé qu’en plusieurs siècles ; il était sillonné maintenant d’amples avenues baptisées de ces noms délabrés de Jean-Jacques Rousseau et de Voltaire, de la république et de Thiers, de Carnot et de la liberté et, pour comble, une statue de cette bruyante ganache de Garibaldi s’élevait, évoquant, dans le coin d’un carrefour pacifique, le souvenir d’un chienlit de guerre, ignoble. La vérité était qu’à l’ancien bourguignon, religieux et boute-en-train, égrillard et frondeur, s’était substitué un autre Bourguignon qui avait conservé ses qualités de terroir mais avait perdu son étampe originale, en perdant la foi. Dijon était devenu en même temps que républicain, indifférent ou athée. La bonhomie et l’alacrité demeuraient, mais la saveur de ce mélange de naïve piété et de liesse rabelaisienne, n’était plus ; et Durtal ne pouvait s’empêcher de le déplorer un peu.
mercredi 18 juillet 2012
Huysmans nous parle de de Dijon
Dans son roman L'oblat, publié en 1903, l'écrivain Joris-Karl Huysmans nous parle de Dijon, et plus particulièrement, de la menace de francisation qui pèse sur cette illustre ville bourguignonne.
Il n'y a, je crois, rien à retrancher à son point de vue.
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1 commentaire:
Quelle tristesse de voir cette cité burgonde réduite à une simple ville francaise, ayant perdu tout son charme et sa bonhommie légendaire ...
A quand la candidature de notre cher Charles pour conquérir la mairie et par là même réinstaurer les valeurs de la bourgognne ?
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