Prenez le français par exemple : terne, monotone, sans accent, on sait immédiatement à quel peuple de bande mou on a affaire.
Il en va tout autrement du bourguignon ! Ah le bourguignon ! Voilà une langue ! Dès qu'on entend jacter en bregognon, on respire la joie de vivre, la bonhommie, la simplicité (la langue bourguignonne interdit toute forme d'affectation et de snobisme). C'est bien simple, dès qu'on entend parler bourguignon on est comme pris par une envie de boire du vin. Quand les R se mettent à rouler on a comme envie de rouler soi-même sous la table. Ah si l'italien est la langue de l'amour, il ne fait aucun doute que le bourguignon est la langue de la ripaille ! Le dialecte des orgies ! L'idiome des bacchanales !
Ah le Bourguignon ! Dès que l'entends je suis heureux ! C'est une langue qui me chatouille le foie et épanouit ma rate ! La langue du ventre en somme ! Elle déborde de générosité et de truculence ! Et quelle force expressive ! Gauger ! Débroudiller ! Ecafouiller ! On voit tout de suite ce que ça signifie. C'est la verve même ! L'expression brute, qui frappe l'esprit de façon directe, sans s'apesantir sur d'encombrants concepts.
Moi j'adore me rouler dans les R comme un porc dans sa fange. Quand je me rends à Dijon je prends toujours soin de choisir le train omnibus, celui qui s'arrête dans tous les villages et qui charrie tellement de vrais bourguignons que les R y roulent plus vite que le train. Et l'été je ne réchigne jamais à parcourir à vélo les dix kilomètres qui me séparent du troquet de Marigny le Cahouet où j'éprouve comme un délicieux tournis lorsque j'entends le serveur, si jovialement couperosé, m'emporter dans un tourbillon de R, une spirale de consonnes, une tornade de phonèmes gutturaux.

Hélas, comme chacun sait, l'accent se perd. Il se perd même si bien que moi-même je dois convenir que mon accent, malgré un léger frétillement de la gorge, est désespérement français. Quand la Bourgogne sera libre, il sera nécessaire de n'employer que des nourrices et des instituteurs qui roulent les R pour développer l'accent bourguignon, mais à défaut d'avoir l'accent, nous pouvons tâcher d'employer le vocabulaire bourguignon. Ainsi, dès que je sus en causant avec des Normands que le verbe gauger était inconnu au delà des frontières de la Bourgogne, je bannis aussitôt "mouiller" de mon vocabulaire.
Aussi, je me propose d'enrichir votre connaissance de cette langue, si plaisante. à l'aide de deux saynètes, (on apprend bien mieux par une mise en situation que par des listes interminables de mots accompagnés par leur traduction), qui mettent en scène deux bourguignons typiques, que j'ai baptisé très traditionnellement Benigne et Vivant.
C'est parti !
(afin de rendre la leçon plus accessible encore, j'ai mis les mots bourguignons en italique, vous devriez rapidement en saisir la signification) :
VIVANT : Tiens Bénigne, quelle agréable surprise !
BENIGNE : Ca par exemple Vivant, vieux bareuzai mal blanchi, comment vas-tu ?
VIVANT : pas mal ma foi, pas mal du tout, mais toi tu m'as l'air tout essouflé, et ton visage est rubicond, que t'arrive-t-il ?
BENIGNE : Heh parbleu, c'est que je viens juste de me brandouiller !
VIVANT : Encore ! Ma parole tu es véritablement un gros brandouilleur.
BENIGNE : Bah tu sais, depuis que je suis célibataire, je n'ai plus beaucoup de plaisirs alors çe ne me fait pas de mal de me brandouiller un peu de temps en temps.
VIVANT : Il est vrai que la brandouillette est un plaisir bien innocent.
BENIGNE : Moi j'en raffole. Je ne connais rien d'aussi bon que se brandouiller un bon coup. D'ailleurs rien que d'en parler j'ai envie de le faire.
VIVANT : Quoi ? Là ? Maintenant ?
BENIGNE : Mais oui pourquoi pas ? on pourrait se brandouiller mutuellement, toi et moi, qu'en dis-tu ?
VIVANT : Quoi ?! Ensemble ?!
BENIGNE : Allons mon vieux Vivant, pas de chichi. Rien n'est plus plaisant qu'une petite brandouillette entre amis.
VIVANT : C'est que...
BENIGNE : Allons laisse toi faire, ne fais pas ta chochotte
VIVANT : Oh et puis après tout tu as raison, il n'y a pas de mal à se faire du bien, brandouillons-nous vigoureusement.
(nos deux amis se brandouillent avec force, de plus en plus énergiquement, jusqu'à ce qu'ils deviennent rouges et qu'un spasme de plaisir vienne parcourir leur visage, qui parait ensuite très apaisé).
VIVANT : ah nom de Dieu ce que c'est bon !
BENIGNE : Quel plaisir j'ai pris ! Tu ne m'as pas brandouillé de main morte.
VIVANT : haha, je sais que tu aimes les brandouillettes bien viriles.
BENIGNE : Et si nous allions nous promener dans les bois pour nous remettre de nos émotions ?
VIVANT : Excellente idée ! Cela nous fera le plus grand bien.
(nos deux amis marchent dans la forêt)
BENIGNE : Ah la nature ! Comme on respire paisiblement dans ces lieux, si loin de la folie des hommes. Qu'en dis tu ?
VIVANT : Bof moi je trouve ça un peu trop vert.
BENIGNE : Mais oui, précisément, c'est beau comme un bon verre d'absinthe !
VIVANT : Moi je m'ennuie ici. Il n'y a pas de vin, pas de moutarde, pas de gougère, rien de ce que j'aime.
BENIGNE : Quel rabat-joie tu fais ! On croirait entendre un Français !
VIVANT : Ah ne m'insulte pas ! Et puis merde à la fin ! Tous ces arbres si horriblement couverts de feuilles, c'est écoeurant à force ! Quoi de plus risible qu'une feuille, je te le demande ? Cet ignoble amas de filaments verdâtre ! Non mais franchement, a-t-on idée d'être aussi vert ?
BENIGNE : Du calme Vivant !
VIVANT : Pourquoi diable m'as tu trainé dans un endroit pareil ? Qu'est ce qu'il m'a pris de t'écouter ?
BENIGNE : Cesse de râler, il y a plein de bonnes choses à voir dans les bois.
VIVANT : Ah oui ? Comme quoi par exemple ?
BENIGNE (en souriant) : qu'est-ce que tu dis de ça ?
(il dévoile à son ami Vivant une formidable pine)
VIVANT : Nom de Dieu !!!!!
BENIGNE : Ca t'en bouche un coin n'est-ce pas ?
VIVANT : Ah crénom d'un chien, de toute ma vie je n'ai jamais vu une aussi grosse pine !
BENIGNE : Hehe, sans me vanter je dois bien admettre que j'ai là une pine d'une taille très honorable.
VIVANT : Tu plaisantes ou quoi ? Ta pine est tout bonnement colossale !
BENIGNE : Flatteur.
VIVANT : Heh Bénigne ?
BENIGNE : Oui Vivant ?
VIVANT : Tu sais à quoi je pense en voyant cette grosse pine ?
BENIGNE : Non ?
VIVANT (en rougissant) : J'ai envie de la sucer...
BENIGNE : Quoi tu veux sucer une pine ? Mais qu'est-ce qu'il te prend ?
VIVANT : Je ne sais pas, une envie subite. Je me suis toujours demandé quel gout cela pouvait avoir. Et puis ça serait trop bête de mourir sans avoir au moins une fois pourlècher une grosse pine.
BENIGNE : Bah après tout, si tu y tiens tant, vas-y, suce cette pine.
(Vivant s'empare de la pine et se l'introduit dans la bouche. La pine est d'abord un peu trop grosse pour ses maigres lèvres, mais très vite il prend de l'assurance, et, à force de la faire coulisser, finit par l'avaler toute entière avant de la recracher).
BENIGNE : Alors, comment était-ce ?
VIVANT : Pas terrible je dois dire, un peu trop boisé à mon gout.
BENIGNE : Rentrons cela vaut mieux.
VIVANT : Et la pine qu'est-ce que j'en fais ?
BENIGNE : Laisse là ici.
(Il jette la pine au loin).
Aussi, je me propose d'enrichir votre connaissance de cette langue, si plaisante. à l'aide de deux saynètes, (on apprend bien mieux par une mise en situation que par des listes interminables de mots accompagnés par leur traduction), qui mettent en scène deux bourguignons typiques, que j'ai baptisé très traditionnellement Benigne et Vivant.
C'est parti !
(afin de rendre la leçon plus accessible encore, j'ai mis les mots bourguignons en italique, vous devriez rapidement en saisir la signification) :
VIVANT : Tiens Bénigne, quelle agréable surprise !
BENIGNE : Ca par exemple Vivant, vieux bareuzai mal blanchi, comment vas-tu ?
VIVANT : pas mal ma foi, pas mal du tout, mais toi tu m'as l'air tout essouflé, et ton visage est rubicond, que t'arrive-t-il ?
BENIGNE : Heh parbleu, c'est que je viens juste de me brandouiller !
VIVANT : Encore ! Ma parole tu es véritablement un gros brandouilleur.
BENIGNE : Bah tu sais, depuis que je suis célibataire, je n'ai plus beaucoup de plaisirs alors çe ne me fait pas de mal de me brandouiller un peu de temps en temps.
VIVANT : Il est vrai que la brandouillette est un plaisir bien innocent.
BENIGNE : Moi j'en raffole. Je ne connais rien d'aussi bon que se brandouiller un bon coup. D'ailleurs rien que d'en parler j'ai envie de le faire.
VIVANT : Quoi ? Là ? Maintenant ?
BENIGNE : Mais oui pourquoi pas ? on pourrait se brandouiller mutuellement, toi et moi, qu'en dis-tu ?
VIVANT : Quoi ?! Ensemble ?!
BENIGNE : Allons mon vieux Vivant, pas de chichi. Rien n'est plus plaisant qu'une petite brandouillette entre amis.
VIVANT : C'est que...
BENIGNE : Allons laisse toi faire, ne fais pas ta chochotte
VIVANT : Oh et puis après tout tu as raison, il n'y a pas de mal à se faire du bien, brandouillons-nous vigoureusement.
(nos deux amis se brandouillent avec force, de plus en plus énergiquement, jusqu'à ce qu'ils deviennent rouges et qu'un spasme de plaisir vienne parcourir leur visage, qui parait ensuite très apaisé).
VIVANT : ah nom de Dieu ce que c'est bon !
BENIGNE : Quel plaisir j'ai pris ! Tu ne m'as pas brandouillé de main morte.
VIVANT : haha, je sais que tu aimes les brandouillettes bien viriles.
BENIGNE : Et si nous allions nous promener dans les bois pour nous remettre de nos émotions ?
VIVANT : Excellente idée ! Cela nous fera le plus grand bien.

BENIGNE : Ah la nature ! Comme on respire paisiblement dans ces lieux, si loin de la folie des hommes. Qu'en dis tu ?
VIVANT : Bof moi je trouve ça un peu trop vert.
BENIGNE : Mais oui, précisément, c'est beau comme un bon verre d'absinthe !
VIVANT : Moi je m'ennuie ici. Il n'y a pas de vin, pas de moutarde, pas de gougère, rien de ce que j'aime.
BENIGNE : Quel rabat-joie tu fais ! On croirait entendre un Français !
VIVANT : Ah ne m'insulte pas ! Et puis merde à la fin ! Tous ces arbres si horriblement couverts de feuilles, c'est écoeurant à force ! Quoi de plus risible qu'une feuille, je te le demande ? Cet ignoble amas de filaments verdâtre ! Non mais franchement, a-t-on idée d'être aussi vert ?
BENIGNE : Du calme Vivant !
VIVANT : Pourquoi diable m'as tu trainé dans un endroit pareil ? Qu'est ce qu'il m'a pris de t'écouter ?
BENIGNE : Cesse de râler, il y a plein de bonnes choses à voir dans les bois.
VIVANT : Ah oui ? Comme quoi par exemple ?
BENIGNE (en souriant) : qu'est-ce que tu dis de ça ?
(il dévoile à son ami Vivant une formidable pine)
VIVANT : Nom de Dieu !!!!!
BENIGNE : Ca t'en bouche un coin n'est-ce pas ?
VIVANT : Ah crénom d'un chien, de toute ma vie je n'ai jamais vu une aussi grosse pine !
BENIGNE : Hehe, sans me vanter je dois bien admettre que j'ai là une pine d'une taille très honorable.
VIVANT : Tu plaisantes ou quoi ? Ta pine est tout bonnement colossale !
BENIGNE : Flatteur.
VIVANT : Heh Bénigne ?
BENIGNE : Oui Vivant ?
VIVANT : Tu sais à quoi je pense en voyant cette grosse pine ?
BENIGNE : Non ?
VIVANT (en rougissant) : J'ai envie de la sucer...
BENIGNE : Quoi tu veux sucer une pine ? Mais qu'est-ce qu'il te prend ?
VIVANT : Je ne sais pas, une envie subite. Je me suis toujours demandé quel gout cela pouvait avoir. Et puis ça serait trop bête de mourir sans avoir au moins une fois pourlècher une grosse pine.
BENIGNE : Bah après tout, si tu y tiens tant, vas-y, suce cette pine.
(Vivant s'empare de la pine et se l'introduit dans la bouche. La pine est d'abord un peu trop grosse pour ses maigres lèvres, mais très vite il prend de l'assurance, et, à force de la faire coulisser, finit par l'avaler toute entière avant de la recracher).
BENIGNE : Alors, comment était-ce ?
VIVANT : Pas terrible je dois dire, un peu trop boisé à mon gout.
BENIGNE : Rentrons cela vaut mieux.
VIVANT : Et la pine qu'est-ce que j'en fais ?
BENIGNE : Laisse là ici.
(Il jette la pine au loin).
Ces deux brefs dialogues vous auront, je pense, facilement facilement appris que le verbe se brandouiller en bourguignon, signifie se balancer (et quoi de plus agréable que de se balancer entre amis ?) et que le mot pine désigne une pomme de pin.
Au cours d'une prochaine leçon je vous apprendrai que "rectum de porc" se dit jésus en bourguignon et que le mot "pénis" se traduit par quine, et nous tâcherons ensuite, au cours d'un exercice pratique, d'associer les deux termes dans une même phrase.