Dès lors de quoi pouvais-je parler ?
De rien ?
Autant se taire.
C'est ce que je fis jusqu'à aujourd'hui.
Et puis, grâce aux recommandations d'un lecteur, que je salue amicalement au passage je découvris que malgré l'absence de réalisateur, le cinéma de la Bourgogne libre existait bel et bien... en Angleterre !
Certes pour bien connaître le cinéma de la Bourgogne Libre de longues et laborieuses années d'études ne sont pas nécessaires puisque celui-ci ne se compose que d'un seul film, mais quel film : Passeport pour Pimlico !!

J'avais visionné un chef d'oeuvre !
C'est un film bidonnant et profond, qui contient à lui tout seul tout ce qu'ici j'ai cherché à exprimer.
L'histoire est assez simple. Tout se déroule à Pimlico, un quartier de Londres durement touché par les bombardements de la seconde guerre mondiale. Les habitants du quartier commencent à recontruire leur maison et tâchent de désarmer les dernières bombes que les Allemands ont négligemment oublié sur leur sol. L'une d'elle se trouve au fond d'un grand cratère, et tandis que des experts discutent sur les moyens de la faire sauter, une bande de gamins errants font rouler un pneu sur l'engin qui explose dans une formidable détonnation. Alors, au fond du cratère, les habitants font une incroyable découverte : une cave du XV° siècle, contenant les trésors d'un duc de Bourgogne.
Une vieille historienne, très sympathique, et toute acquise à la cause du duc, nous apprend que Charles le Téméraire ne serait pas mort à la bataille de Nancy mais qu'il serait parti vivre à Londres sous le nom de Maurice de Charolais (!!), et qu'il serait le propritétaire du quartier de Pimlico.
Au début les habitants se trouvent tout étonnés d'apprendre qu'ils sont Bourguignons. Bourguignons ? What is this ?
Et puis très vite ils voient tous les avantages que cela peut leur procurer, le banquier vire son propriètaire, la marchande d'habits exige une taxe d'importation, et surtout le trésor reste dans le quartier, et d'un seul coup, ça y est, tous les gens deviennent Bourguignons. Les enfants courent dans les rues, les gens se mettent à crier de joie "Burgundy ! Burgundy !". Là le film est épatant de gaieté. C'est le bonheur ! L'anarchie ! L'indépendance !
Naturellement tout le monde se retrouve le soir même au bar et fêtent dans la bière l'indépendance de la Bourgogne ! On enquille les binouses ! Les demis passent derrière toutes les cravates. On joue de la musique, on danse, les couples se forment dans un swing du tonnerre !
Soudain un flic apparait. Là on comprend tout de suite, il symbolise l'autorité de l'Angleterre. Il vient mettre fin au tapage nocturne. Là encore on assiste à une scène tout bonnement géniale, quand l'argousin demande ses papiers au propriètaire, celui-ci déchire sa carte d'identité. Bientôt tous les Bourguignons l'imitent et font un grand lancer de confettis avec leurs papiers et la fête reprend de plus belle ! Voila ce que j'appelle de la subversion ! Ah dire un jour à un flic, "retourne en France, ici c'est la Bourgogne" ! rien que pour cela l'indépendance mérité d'être défendue.
Après les problèmes s'accumulent. Le gouvernement anglais, inquiet, passe à l'offensive, il instaure des frontières et coupe l'eau, l'électricité, et le ravitaillement. Les Bourguignons sont inquiets. Ils cherchent à élire un gouvernement, et soudain, qui voient-ils débarquer : le duc de Bourgogne ! C'est un grand type souriant, poli, distingué, qui débarque dans le bar avec ses titres de noblesse, il se présente : il se nomme Sebastien de Charolais (sic !), tout droit venu de Dijon (triple sic !!!) pour venir chercher l'héritage des ducs de Bourgogne. Aussitôt il est acclamé et lui, sans perdre de temps, repart illico aux bras d'une fille charmante.
Plus tard dans le film on le voit au clair de lune en train de conter fleurette à la jeune ingénue. Son rêve est de visiter Deejôon (il faut entendre le mot Dijon prononcer avec l'accent anglais, c'est délicieux) qu'elle trouve si romantique. Le duc lui, trouve qu'il y fait un peu froid, mais il se lance quand même dans un vibrant éloge des moeurs locales, "you should see the vendanges", et de la gaieté des vignerons qui se prennent de grosses cuites.
Bon, mais enfin, je ne vais pas vous raconter tout le film, pour la simple mais excellente raison qu'il est disponible gratuitement sur internet (l'ayant su plus tôt j'aurais pu économiser 8 euros, remerciez donc le MLB qui vous fait économiser de l'argent). Le seul problème est qu'il est en anglais non sous-titré. Pour ceux qui n'auraient pas l'heur de comprendre la langue de Swift (car il n'y a aucune raison pour que ce monsieur Shakespeare exerce un quelconque monopole sur cet idiome) je vous conseille de regarder au moins la 4eme vidéo de 3'' à 4''10 la 6eme à partir de 3''20 et enfin la 8 à 3''30, pour voir au moins les scènes que j'ai mentionnées ci-dessus.
Bref, pardonnez-moi de ne pas l'avoir été, mais ce film m'a ravi au plus haut point. Il nous montre à quel point l'indépendance de la Bourgogne est facilement réalisable, et qu'elle nous conduit tout droit à une vie plus familière, joyeuse, légère, sublime et éthylique !
A présent il faut à tout prix réussir à traduire ce film en français et à le diffuser partout en Bourgogne. Quant au réalisateur, Henry Cornelius, nous lui remettrons le titre de citoyen d'honneur.
Et à présent place au film :